Il est amusant de voir que souvent, dans le secret de mon cabinet, les personnes sur lesquelles je travaille me disent que je suis une « magicienne », une « sorcière ». Les enfants le disent souvent, en précisant que je suis une « gentille sorcière »…

Finalement j’aime assez cela, même si il m’a fallu énormément de temps avant de l’accepter. J’ai toujours eu le syndrome de l’imposteur, sans doute dû au fait de mes capacités particulières de ressenti et d’apprentissage, qui me donnaient l’impression de savoir, sans véritablement travailler, ce qui est bien sûr, entièrement faux puisque j’ai travaillé sans arrêt, et que je continue, pour accéder aux connaissances que j’ai actuellement.

Mais aujourd’hui, j’accueille à leurs justes places ces états d’être et de faire. Oui je suis peut-être une sorcière, une prêtresse, une enchanteresse, une fée, peu importe comment on l’appelle.

Mais au juste, c’est quoi une sorcière ?

Tout d’abord il s’agit d’une femme (le sorcier ayant une place un peu différente). Il s’agit d’une femme ayant du « pouvoir », c’est-à-dire des capacités un peu particulières, notamment de soin.

Et cela leur a valu d’être pourchassées, persécutées, anéanties, brûlées parfois (souvent) même ! A partir de 1275, on brûla la première sorcière, considérée comme telle car elle utilisait les plantes pour guérir. Au fur et à mesure des siècles, leur savoir évoluait et s’intensifiait. Elles pouvaient donner la vie, mais l’ôter également, elles se connectaient à la nature, à la lune et donc sortaient beaucoup la nuit. Elles suivaient le cycle de la lune et donc leur propre cycle, se permettant ainsi de vivre pleinement leur féminité et leur sexualité. Sauf qu’alors, c’était l’homme qui gouvernait et que la femme n’avait aucun droit. Il fallait donc les faire taire, ces femmes qui montraient l’exemple d’une liberté et d’une indépendance intolérable. Elles aimaient vivre seule et en pleine nature, afin d’être en harmonie avec la Terre-Mère. Et ces femmes extraordinaires par leur puissance et leur autonomie ont semé la confusion dans l’esprit des hommes qui, par précaution, ont persécuté également toutes les femmes non soumises à l’autorité masculine et qui possédait des biens qu’elles géraient seules, ou lorsqu’elles élevaient des enfants sans père…

Et puis le pouvoir religieux de l’époque s’est emparé de cette peur des sorcières et en a fait une iconographie très particulière, représentant le « mal » qu’elles étaient censées faire par un look spécial, femmes laides, vieilles, édentées, nez crochu, avec des verrues et se promenant sur un balai… Cette légende du balai n’est d’ailleurs pas si légende que cela. A l’époque, les femmes, comme elles étaient très souvent seules car rejetées des hommes, étalaient sur le manche d’un balai, une poudre constituée par diverses plantes et sur lequel elles frottaient leur entrejambe. Elles « décollaient » ainsi, volaient donc sur un balai…

Alors elles se sont cachées, restant dans l’ombre, alimentant encore plus le mythe de la sorcière qui ne sort que la nuit. Et cela a imprégné encore plus l’inconscient collectif, si fort et si terriblement, que même les femmes actuelles, les plus éveillées et les plus conscientes de leurs pouvoirs se taisaient, le cachaient, comme s’il elles risquaient encore d’être brûlées…

Mais fort heureusement le monde change. Aujourd’hui on ne voit plus les sorcières de la même façon et l’on peut sans doute remercier un incontournable feuilleton qui mettait en scène une sorcière bien aimée…

Accepter d’être une sorcière, demande d’abord d’apprendre à se connaitre, à se re-connaitre. Et cela se fait dans le regard des autres. A force de l’entendre dire, je l’ai enfin accepté même si cela m’amuse toujours et que j’en joue, quand je veux impressionner les enfants, gentiment.

Au terme sorcière je préfère le terme alchimiste ou magicienne, ou femme-médecines… Je suis une femme, une femme qui travaille avec son féminin sacré, celui du pouvoir, celui de la création, celui de la guérison, celui des énergies supérieures, celui de la nature, des planètes, des plantes. Je suis une sorcière.

Et je me suis autorisée à me guérir, à guérir les femmes en général, les aider à panser leurs blessures féminines et à penser leur féminin autrement. Ensuite, je me suis autorisée à guérir les hommes blessés dans leur féminin, parce qu’homme comme femme, nous sommes tous nés d’une femme, d’une femme sacrée, notre mère. Quel pouvoir le plus absolu n’est pas le pouvoir de donner la vie ? Et les soins que j’ai pu proposer sont devenus encore plus puissants, plus impressionnants, plus efficaces. Parce qu’ainsi on remonte aux blessures du féminin de toute la lignée, et en réparant aujourd’hui, on libère hier et on soulage demain. On soulage l’inconscient collectif, on réconcilie la sorcière, la femme, avec l’humanité.

Etre une sorcière, c’est être une femme d’abord et avant tout. Cela demande de la maîtrise, une maîtrise de la parole et de l’action, cela demande une connaissance de l’univers subtile, de l’invisible, de savoir écouter les messages du « haut », d’être consciente du pouvoir de la pensée et des actes, de rester humble face à ses capacités et de rester intègre, en permanence. Parce que posséder des « dons » qui nous font agir soit dans le visible, soit dans l’invisible, c’est un jeu dangereux, qui, si l’on n’y prête pas garde, peut facilement être pris dans le jeu de l’ego.

De plus en plus de femmes revendiquent le fait d’être des sorcières. Et c’est juste. On peut naître avec cette connaissance ou on peut la développer, l’acquérir en travaillant sur soi.

Et vous pensiez vraiment qu’il n’y avait que moi ? Vous croyiez vraiment que vous n’en seriez jamais une ?

Une nouvelle énergie émerge que certains appellent la « sororité », nous sommes sœurs et cela se traduit par l’émergence de nouvelles bases de rencontres par des moon-lodges, tentes rouges etc. Mais elles ne sont nouvelles qu’en théorie, puisque tous les peuples premiers les utilisent depuis toujours et qu’ils célèbrent la femme parce qu’elle a du pouvoir, celui de donner la vie. Pour ces hommes là, les femmes sont sacrées.

Aujourd’hui, devenir une femme sacrée, c’est quelque part devenir une sorcière. Nous sommes toutes des sorcières, certaines depuis plus longtemps que d’autres. Alors bienvenue dans mon monde !