ArrivĂ© en France en 1995 pour travailler Ă Disneyland Paris, Kevin Dust, alias Baaleekonida, membre de la tribu amĂ©rindienne Crow, raconte son parcours dans « Le Fils de lâOiseau-Tonnerre ».
Sur les pelouses ou la terrasse ombragĂ©e du golf Disneyland de Magny-le-Hongre, il est comme chez lui. Le personnel et les golfeurs le saluent dâun geste ou dâune poignĂ©e de main. Il a un mot ou un sourire pour chacun. « Ăa fait quinze ans que je viens ici. Je joue, jây retrouve la nature, les arbres », apprĂ©cie Kevin Dust.
Né en 1962 dans la réserve du Montana (Etats-Unis) de la tribu indienne Crow qui regroupe 9 000 des 15 000 membres de la tribu dans le monde, il travaille depuis 1995 à Disneyland Paris dans le spectacle Buffalo Bill Wild West Show. Fier de sa tribu, il joue pourtant le rÎle de Sitting Bull, chef Sioux, dix fois par semaine.
« MĂȘme si câest le plus grand ennemi de mon peuple, jâaime mon rĂŽle. Je peux mâexprimer en tant que chef », apprĂ©cie-t-il. « A Disneyland Paris, tout le monde ne connaĂźt pas mon histoire et certains nâont pas besoin de savoir », ajoute celui quâon appelle « Baaleekonida » dans sa rĂ©serve (NDLR : « Dur au travail » en français).
« LĂ -bas, il y a lâalcool mais pas de travail »
« Je nây suis pas retournĂ© depuis trois ans », tĂ©moigne ce pĂšre de quatre enfants. Un de ses fils vit entre lâAngleterre et CrĂ©cy-la-Chapelle oĂč Kevin a achetĂ© une maison. Les trois autres vivent aux Etats-Unis. Il Ă©change avec eux grĂące aux rĂ©seaux sociaux.
« Jâenvoie de lâargent Ă mes proches quand je le peux. Jâaimerais y retourner en aoĂ»t pour la centiĂšme Ă©dition de la « Crow Fair » (NDLR : plus grande concentration de tipis au monde, environ 1 500). Ma tribu ne mâa jamais vu faire la danse des cerceaux. Mais financiĂšrement câest compliquĂ©. »
Il est le seul Ă la maĂźtriser et lâa apprise au travail aprĂšs une dĂ©monstration. Cette danse lui permet aujourdâhui de se produire dans des Ă©coles ou des spectacles en France et en Europe. Il en profite pour parler de lâhistoire de sa tribu. Il a aussi jouĂ© dans six ou sept films avec une apparition dans « Lucy » de Luc Besson et un rĂŽle majeur dans la sĂ©rie dramatique « Tropiques amers », diffusĂ©e sur France 3 en mai 2007.
Magny-le-Hongre, mercredi 30 mai 2018. Kevin Dust et Sylvie Micheli sont amis depuis deux ans. LP/Alexandre MĂ©tivier
« Je commence à apprécier la vie ici »
Il y a deux ans, lors dâun spectacle, il rencontre Sylvie Micheli, Ă©copsychologue. Elle dĂ©cide de raconter son histoire dans un livre. « Le Fils de lâOiseau-Tonnerre » est sorti le 9 mai. « Kevin veut montrer la diffĂ©rence entre ce quâon voit des Indiens Ă Hollywood et la rĂ©alitĂ©. Je reviens de la rĂ©serve, les gens sont trĂšs pauvres », indique Sylvie.
« LĂ -bas, il y a lâalcool mais pas de travail. Le gouvernement ne nous aide pas », souffle Kevin. Câest pour quitter cette misĂšre quâil a traversĂ© lâAtlantique. « Ce nâĂ©tait pas mon choix. Disney cherchait un vrai Indien avec des cheveux longs, la peau mate et qui sache monter Ă cheval. Jâai Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©. CâĂ©tait difficile au dĂ©but mais aujourdâhui je suis heureux, je commence Ă apprĂ©cier la vie ici. Je peux parler de mon peuple mais je nâaime pas le terme dâambassadeur car je ne fais pas de politique. »
Sur sa chaise, Kevin gesticule quand il Ă©voque les documentaires diffusĂ©s en France oĂč les Crows sont confondus avec les Sioux, les Navajos ou les Cheyennes. Ses mains, ses yeux rougis par lâĂ©motion parlent autant que ses mots en anglais. « Jâessaie dâapprendre le français, je nâai jamais pris de cours. Quand je suis arrivĂ©, je ne pensais pas rester aussi longtemps, avoue-t-il. Plus tard, je ne sais pas oĂč je serai. Peut-ĂȘtre entre les deux pays⊠»
« Le Fils de lâOiseau-Tonnerre », par Sylvie Micheli, Ă©ditions VĂ©ga, 292 pages, 18 âŹ.
J’ai beaucoup aimĂ© ce livre. Je cherche Ă communiquer avec Kevin Dust. Pouvez vous me donner un moyen de le joindre svp ?
Merci
Vincent
bonjour, je suis dĂ©solĂ©e mais on ne peut pas joindre kevin DUST, la seule solution est de passer par moi. je lui fais passer les messages et s’il le souhaite il reprend contact. Ceci afin de prĂ©server sa vie privĂ©e.